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Cystites et infections urinaires féminines : définitions
Les cystites sont des inflammations de la vessie, le plus souvent causées par des bactéries, plus rarement par des virus, des champignons, ou des parasites. Certaines, rares, sont liées à des maladies auto-immunes.
Les cystites sont fréquentes chez les femmes, dont l’anatomie favorise la colonisation bactérienne rétrograde de leur vessie par les microbes du tube digestif (anus).
Les cystites sont dites « aiguës simples » quand les patients ne présentent que des signes vésicaux d’apparition brutale. Elles sont dites compliquées lorsqu’existent des signes de gravité ou des complications.
Les cystites aiguës
sont dites récidivantes lorsqu’on en souffre trois fois et plus dans
une année, lorsqu’on recense 2 autres épisodes dans les 6 derniers mois,
ou que le dernier épisode remonte à moins de 3 mois.
Les cystites interstitielles sont des inflammations durables de la paroi vésicale, par altération cellulaire et dégradation de la protection locale, sans précision des causes.
Les cystites à « urines claires » sont des inflammations sans infection. Elles pourraient représenter quatre cystites sur dix en consultation médicale de ville (Etude BaCyst, Journées Nationales d’Infectiologie, 2011).
Risques et origines des cystites et infections urinaires
Très
peu de données épidémiologiques pour une pathologie qui selon les
spécialistes toucherait une femme sur deux au cours de sa vie (Collège
universitaire des enseignants en néphrologie, 2011). Les cystites représentent la deuxième localisation infectieuse en médecine générale, après les infections respiratoires.
Leur répercussion sur la qualité de vie est nette en raison de la douleur, surtout si ces infections se répètent. Leur fréquence augmentant avec l’activité génitale, elles peuvent freiner la vie sexuelle considérablement.
Les cystites infectieuses peuvent se compliquer, par extension de l’infection aux reins, la pyélonéphrite, puis par passage dans le sang (septicémie). La pyélonéphrite provoque de la fièvre (38-39°), des frissons, une douleur lombaire
brutale du côté du rein atteint. La pyélonéphrite non soignée fait
courir un risque de détérioration définitive du rein atteint. C’est une
urgence médicale.
Une cystite chez un homme est en soi une cystite compliquée, car son anatomie fait normalement obstacle à l’infection.
Une cystite chez la femme enceinte et la femme ménopausée est compliquée d’office. Elle requiert une prise en charge médicale rapide.
Les autres facteurs de gravité permettant de parler de cystite compliquée sont :
– la rechute précoce moins de 7 jours après le traitement d’une précédente cystite et les récidives fréquentes ;
– la présence de sang visible dans les urines (autres diagnostics à évoquer impérativement) ;
– les anomalies de l’appareil urinaire (reflux urétéral, etc.) ;
– les maladies associées favorisant l’infection (diabète, cancer, immunodépression, maladie de foie) ;
– les calculs dans la vessie ou les reins.
Causes et mécanismes des cystites et infections urinaires
Le périnée féminin fourmille de bactéries digestives (anales), vaginales et cutanées, parce qu’il met à proximité les différents méats (trous de sortie) de l’intestin, du vagin et de l’urètre (conduit de vidange de la vessie).
A la faveur des frottements (vêtements, masturbation, toilette, coït), ces bactéries colonisent plus ou moins totalement l’urètre jusqu’à la vessie. Les cystites sont donc beaucoup plus fréquentes chez les femmes et les petites filles à cause de leur urètre court, que chez les garçons.
Tout appareillage urinaire est une porte d’entrée inéluctable aux infections : sondage, sonde urinaire à demeure…
A la ménopause, la privation en estrogènes provoque une chute des défenses de la vessie, qui favorise le développement des infections. Pendant la grossesse, c’est l’afflux d’hormones qui au contraire le favorise : il y a 1 à 2% de cystites chez les femmes enceintes (Association française d’Urologie, recommandations Cystite aiguë, 2008).
Les bactéries
qui ont des prolongements adhésifs (pili) peuvent se coller et
coloniser la paroi vésicale. Surtout le fait d’Escherichia coli (environ
80% des cystites infectieuses, Association française d’Urologie – Infections urinaires, 2008), cette colonisation durable favorise les récidives à la moindre baisse de « forme » vésicale ou générale.
L’hygiène
de vie est essentielle. Certaines habitudes sont néfastes : se retenir
de vider sa vessie souvent et longtemps, boire trop peu et ne pas
lessiver fréquemment sa vessie, s’essuyer d’arrière en avant, faire une
toilette périnéale trop poussée ou négligente, endurer une constipation chronique,
surtout oublier de vider sa vessie juste après un coït. Les caresses et
pénétrations génitales sont source d’un ensemencement bactérien local
important.
Symptômes et signes des cystites et infections urinaires
Pollakiurie, impériosité mictionnelle, miction douloureuse, brûlures mictionnelles, absence de fièvre, absence de ces symptômes les 4 semaines avant cet épisode, et absence d’autres symptômes.
La douleur en urinant (douleur mictionnelle) et l’envie fréquente d’uriner (pollakiurie) même quand la vessie est vide sont des signes
très évocateurs. La brûlure en urinant est aussi caractéristique,
surtout si elle se prolonge après la fin de la vidange vésicale.
Mais la douleur (cystalgie) peut manquer ou être très discrète : 4 à 6% des infections vésicales sont asymptomatiques (sans signes perceptibles) d’après les recommandations professionnelles de l’Association française d’Urologie (Cystite aiguë, 2008). Il est alors important de noter si l’urine sent mauvais, si elle est trouble (présence de pus), qui sont des signes de confirmation.
L’absence de fièvre et de signes lombaires ou ailleurs (en dehors de la vessie) permet de limiter le diagnostic d’infection à la vessie.
De plus en plus de femmes faisant des cystites
aiguës récidivantes se voient prescrire par le médecin généraliste ou
le spécialiste des bandelettes urinaires. Ces bandelettes sont des tests à tremper dans l’urine pour confirmer ou pas la présence de pus et/ou de sang.
Cela conforte ou pas le diagnostic probable de cystite bactérienne, à domicile, pour les femmes sujettes à la récidive. Ce qui permet une automédication selon le protocole du médecin traitant.
Cystites et infections urinaires féminines
Prévention
Avec quoi ne pas confondre ?
Une infection génitale vaginale, un trouble digestif bas éventuellement. Les signes de la cystite sont parfaitement reconnus par les femmes qui en ont déjà fait une.
Si les signes persistent, en l’absence d’infection manifeste, il faut évoquer une pathologie vésicale : polype, calcul, cancer…
Comment prévenir la cystite bactérienne féminine ?
« Il faut boire au moins 2 litres par jour, vider sa vessie souvent et uriner après chaque rapport sexuel pour éviter que les germes présents au niveau du périnée et dans le vagin ne remontent vers la vessie.
Ces
conseils sont valables pendant le traitement, mais aussi en prévention
pour éviter les récidives », conseille le Dr Jean-Pierre Mignard
(Hôpital de St Brieuc).
La bonne hygiène
du périnée complète ces conseils : ne jamais se retenir longtemps de
vider sa vessie, s’essuyer d’avant en arrière après une selle, toilette
périnéale régulière sans excès, lutte contre la constipation.
Selon
les individus et les circonstances d’apparition, il peut être prudent
d’éviter les aliments qui enflamment la vessie, modifient l’urine et
permettent le développement des bactéries : fruits de mer, vin blanc, champagne, épices…
Une
cure thermale ciblée, trois ans de suite, donne de bons résultats
contre les récidives, en accompagnement des mesures d’hygiène. Ce qui
permet d’éviter la prescription d’antibiotiques en continu pendant plusieurs mois.
La canneberge (cranberry) a démontré son effet anti-bactérien préventif contre les cystites
par inhibition de l’adhésion bactérienne (Escherichia coli) à la paroi
vésicale. Reconnue en 2004 par l’Afssa (Agence française de sécurité
sanitaire des aliments), elle se consomme sous forme de jus ou de
comprimés. Sa prescription est utile, mais sa quantité quotidienne n’est
pas fixée (Association française d’Urologie – Cystite aiguë, 2008).
Des
prescriptions phytothérapeutiques et aromathérapeutiques existent ;
elles ne sont pas validées par des études cliniques, mais peuvent donner
de bons résultats entre des mains expérimentées.
Cystites et infections urinaires féminines
Préparer sa consultation
Quant faut-il consulter ?
Bien que les cystites bactériennes
à leur tout début puissent disparaître en buvant au moins 3 litres
d’eau par jour afin de lessiver la vessie, il est nécessaire de les
traiter médicalement dès que les signes durent inchangés plus de 48 heures.
Selon l’Etude BaCyst (JNI 2011), en ville, 43% des urines prélevées lors d’une cystite symptomatique seraient stériles. Ces cystites à « urines claires » sont inflammatoires. L’inclusion et l’adhésion de bactéries dans la paroi vésicale sont sans doute en cause car leur traitement antibiotique
donne fréquemment de bons résultats… Un bilan est indispensable pour
faire la part des choses et pousser si besoin les explorations.
Des symptômes de pyélonéphrite (fièvre, frissons, mal de dos avec ou sans douleurs urinaires) imposent la consultation urgente.
Comment préparer la consultation ?
Il est important de bien rappeler ses antécédents personnels d’infections urinaires, les maladies en cours (infection vaginale, immunodépression transitoire ou pas).
Préciser les circonstances de la douleur à la miction
(le fait d’uriner) est aussi très important : rapports sexuels, stress,
absence de boisson abondante au cours d’un effort (lors d’un
déménagement par exemple)…
Il est très important de rapporter exactement toute automédication entreprise : antibiotiques sous la main, phytothérapie, aromathérapie, etc.
La
tenue d’un calendrier mictionnel est très utile au médecin pour évaluer
la tendance à la récidive et les facteurs de risque : il est
téléchargeable sur le site de l’Association Française d’Urologie (voir
liens utiles).
Que fait le médecin ?
Il examine la patiente et vérifie l’absence de circonstances aggravantes, et de complications.
En cas de cystite aiguë simple, aucun examen complémentaire n’est nécessaire, en dehors d’un test urinaire par bandelettes diagnostiques au cabinet.
En cas de cystite compliquée ou de signes
bâtards, un ECBU (examen cytobactériologique des urines) avec
antibiogramme est nécessaire pour connaître la bactérie en cause et
choisir l’antibiotique auquel la bactérie est sensible.
Si
les récidives sont fréquentes, un bilan urologique (cystoscopie, IRM…)
et urodynamique est souhaitable par un spécialiste pour éliminer une
cause curable (anomalie des voies urinaires, calculs).
En
cas de pyélonéphrite probable, une échographie des voies urinaires
vérifie l’état des reins. Parfois, l’hospitalisation peut être
nécessaire dans les situations à haut risque d’extension infectieuse ou
d’atteinte rénale grave chez des patients fragiles ou porteur de bactéries multirésistantes.
Traitement
Pour les cystites
de la femme jeune non enceinte et selon les recommandations
professionnelles (Association française d’Urologie, 2008), le médecin
prescrit un traitement antibiotique
court : monodose ou en 3 jours (plus efficace) par la
fosfomycine-trométamol, ou des fluoroquinolones, ou du cotrimoxazole).
Les autres antibiotiques exigent des durées de traitement plus longues (5 à 7 jours) à l’appréciation du médecin.
Le
lessivage de la vessie par au moins 2 litres de boisson quotidienne
(eau, tisanes) est indispensable, ainsi que l’instauration d’une bonne
hygiène mictionnelle.
Un traitement antalgique peut être nécessaire en cas de douleurs importantes.
Les cystites
récidivantes de la femme ménopausées sont bien limitées par une
prescription œstrogénique (ovules vaginaux) qui restitue la qualité
tissulaire locale.
La pyélonéphrite demande un traitement antibiotique ciblé et prolongé 10 à 15 jours, ainsi qu’une surveillance biologique ultérieure pour vérifier la fonction rénale.
CATEGORIE : pathologies-et-symptomes
TAG : cystites, inflammation, vessie, femme