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La constipation : définition
La constipation est un symptôme caractérisé par un retard, ou une difficulté à évacuer les selles. On parle de constipation quand il y a moins de trois selles par semaine et/ou quand les selles sont difficiles à évacuer (à exonérer, pour les médecins).
Elle est chronique quand elle dure depuis plus de 6 mois. Des selles liquides ne réfutent pas une constipation, qui s’établit scientifiquement sur un poids de selles quotidien inférieur à la moyenne : une vérification impossible en pratique.
La constipation par ralentissement du transit digestif est la forme la plus fréquente. La constipation « terminale », appelée dyschésie recto-anale, est un trouble de la seule évacuation des selles, au niveau du rectum et de l’anus. Il est fréquemment de combiner les deux troubles.
La constipation peut être la seule maladie (constipation idiopathique) ou être secondaire à une autre maladie.
La consipation : les risques
Dans les pays occidentaux, la prévalence de la constipation
se situe entre 15 et 20 % de la population. En France, une enquête
réalisée dans la population générale sur les plaintes subjectives a
trouvé une constipation
chez 35% des interrogés, et une sensation d’évacuation incomplète chez
19% (Abrégé d’hépato-gastro-entérologie 2009 – ECN, Elsevier Masson).
Les femmes sont plus sujettes que les hommes à cette plainte.
La constipation
accompagne les toxicomanes : morphine, cocaïne et leurs dérivés sont
puissamment constipants. La consommation de nombreux médicaments
modifiant l’équilibre neuro-végétatif expose aussi à cet effet
indésirable.
Elle peut à la longue entraîner des complications comme des fissures anales, des hémorroïdes, une faiblesse du périnée favorisant l’incontinence urinaire et/ou anale, et des troubles sexuels.
Le risque majeur est l’occlusion ou la sub-occlusion intestinale, non exceptionnelle chez les vieillards par formation d’un fécalome obstructif (accumulation rectale de selles dures qui ne peuvent être évacuées naturellement).
Chez
les malades psychiatriques ayant des pulsions d’ingestion bizarres on
peut voir des blocages digestifs sur des bézoards (boules de matières
non digestibles : cheveux par exemple, ou matière plastiques). Chez ces
malades, la prescription de médicaments neurotropes provoque aussi des occlusions sournoises quand le suivi médical est insuffisant.
Enfin, l’occlusion peut survenir sur un obstacle non ingéré, habituellement une tumeur du côlon (cancer), ou l’extension locale d’une tumeur abdominale.
La constipation : le fonctionnement
Les repas mettent en branle toutes les fonctions digestives
en même temps. Certaines fonctions prennent le pas sur d’autres, une
hiérarchie qui varie au cours de la digestion. Le temps de transit
normal du bol alimentaire entre la bouche et l’anus se situe autour de
65 heures en moyenne avec de larges variations individuelles.
Dans la constipation dite « de transit ralenti », les selles stagnent dans le côlon. Dans la constipation dite « terminale », elles s’accumulent dans le rectum.
Alors que la « constipation terminale » est souvent liée à une séquelle de chirurgie de l’anus ou un traumatisme obstétrical ou accidentel, la « constipation de transit » est liée à un trouble de la motricité intestinale : trop de contractions/relâchements, anarchiques et inefficaces.
Les hormones
sexuelles sont en cause, ainsi que les réflexes inculqués
socio-éducatifs. La personnalité (anxiété de fond) est impliquée, ou
encore des abus sexuels et des mauvais traitements.
La
perturbation neuro-hormonale en cause peut être transitoire (stress
occasionnel) ou durable par prédisposition familiale ou maladie chronique : diabète, hypothyroïdie, maladie de Parkinson, sclérose en plaques…
Très souvent, il s’agit de l’effet indésirable de médicaments : opiacés contre la douleur, antalgiques contenant de la codéine, anti-épileptiques, anti-dépresseurs, anticholinergiques, neuroleptiques, pansements gastriques…
Les
mauvaises habitudes alimentaires (repas pauvres en fibres, abus de
chocolat), ou/et la sédentarité sont également coupables. Enfin, se
retenir d’aller à la selle alors que le besoin est là et pressant est
une cause fréquente de constipation « inculquée ».
La constipation : les symptômes
La constipation de transit se manifeste par des selles
rares, en général dures mais pas toujours. Il n’y a pas de difficulté
véritable d’évacuation. Mais l’inconfort digestif est fréquent :
flatulences, coliques, ballonnements…
En cas de constipation
« terminale », la défécation est ressentie incomplète et difficile. Des
efforts de poussée importants et répétés sont nécessaires. Ils
aboutissent pourtant à la sensation qu’il en reste encore à exonérer.
Attention
: Les efforts de poussée à la selle sont des efforts cardiovasculaires
importants qui peuvent provoquer une crise cardiaque (infarctus du
myocarde) ou un accident vasculaire
cérébral (AVC), surtout lors de l’avance en âge quand les
préoccupations des patients se recentrent sur leur ventre au détriment
des autres organes.
Il faut savoir identifier les signes d’alerte de cancer : présence de sang dans les selles, majoration ou apparition de symptômes inhabituels, constipation alternant avec la diarrhée, douleurs abdominales.
Constipation
Prévention
Avec quoi ne faut-il pas confondre la constipation ?
Avec une occlusion intestinale, qui se distingue aisément par des signes
évocateurs : douleurs (coliques) intenses d’installation généralement
brutale, ballonnements abdominaux, arrêt des gaz, vomissements plus ou
moins importants. C’est une urgence médico-chirurgicale.
Y a t-il une prévention possible de la constipation simple ?
Oui, dans tous les cas une alimentation équilibrée et riche en fibres
est indispensable : son, farine de blé entier et de seigle, fruits
frais sauf les bananes, fruits secs, légumes à l’exception des pommes de
terre.
Les fibres alimentaires augmentent la fréquence des selles, améliorent leur consistance et diminuent la consommation de laxatifs. Leurs effets sont moins prononcés en cas de constipation terminale et leur délai d’action est plus long que celui des laxatifs. La dose quotidienne de fibres nécessaire est de 15 à 20 grammes.
Eviter la sédentarité par des activités physiques simples (marcher pour aller au travail, ou faire ses courses, etc.)
Pour ne pas avoir envie d’aller à la selle lorsqu’on ne dispose ni de temps ni de toilettes, on peut éduquer son intestin.
Se
lever plus tôt pour que le petit déjeuner ait le temps de déclencher
une selle avant de partir au travail. Il faut aussi se présenter à la
selle à heure fixe même sans envie au début, sans jamais forcer (juste
s’asseoir tranquillement 10 minutes) pour conditionner l’intestin à exonérer au « bon moment de la journée ».
L’automédication en laxatifs
doit rester occasionnelle et prudente car certains d’entre eux à base
de plante (séné) peuvent être toxiques pour le tube digestif s’ils sont
employés de façon prolongée.
Constipation
Préparer sa consultation
A quel moment consulter ?
Lorsque la constipation retentit sur la qualité de vie, lors de troubles inhabituels (constipation, diarrhée), lorsqu’il y a du sang dans les selles,
ou des douleurs abdominales intenses. Ou à titre systématique pour
faire un bilan : autour de 50 ans, puis selon les indications du médecin
traitant.
Comment préparer la consultation avec le médecin ?
Répertoriez
les circonstances déclenchantes s’il y en a : choc affectif,
intervention chirurgicale, modification de votre alimentation (voyage),
médicaments, nouveaux modes de vie (sédentarité), impératif
professionnel rendant impossible le fait d’aller à la selle.
La récapitulation de tous les médicaments pris est indispensable, en n’oubliant pas l’automédication.
Que fait le médecin ?
Il fait un examen complet pour vérifier que la constipation est simple et isolée. L’inspection de l’anus est nécessaire pour rechercher fissures anales ou hémorroïdes, avec un toucher rectal, et chez la femme un toucher vaginal pour rechercher une altération du périnée.
Les explorations supplémentaires ne se justifient que si la constipation est liée à une maladie plus générale (hypothyroïdie par exemple, ou diabète),
à un traumatisme (accouchement délabrant), ou pour rechercher une
tumeur. Elles comportent la coloscopie en premier lieu ; éventuellement
un coloscanner ou un lavement baryté selon le choix du spécialiste
gastro-entérologue consulté.
L’exploration du transit par le spécialiste peut nécessiter l’ingestion d’une capsule vidéoscopique (récupérée dans les selles) ou des petits palets radio-opaques suivis par des radiographies simples de l’abdomen jusqu’à leur évacuation.
L’étude
des pressions digestives (manométrie digestive) peut aussi faire partie
des demandes du spécialiste, ou bien une défécographie (imagerie, par
opacification, de la défécation).
Le traitement
Les
recommandations de pratique clinique de la Société nationale française
de gastro-entérologie (SNFGE, 2007) sont de traiter la cause… quand on
en tient une ! Même lorsque c’est le cas, comme la prescription d’un
neuroleptique ou un diabète, il n’est pas toujours aisé de l’évincer.
Lors d’une constipation banale idiopathique (sans cause particulière) les laxatifs
et une hygiène alimentaire riche en fibres sont proposées, ainsi que
l’abstention des efforts de poussée à la selle. La consultation
diététique peut être utile.
Dans le cas de troubles
terminaux de la défécation, une rééducation du sphincter peut être
envisagée. Sans oublier la consultation psychologique quand existent des
troubles psychiques, une maltraitance, un abus sexuel…
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