Sommaire
Colique néphrétique : Définition
La colique néphrétique est un syndrome
douloureux lombo- abdominal aigu résultant de la mise en tension
brutale de la voie excrétrice du haut appareil urinaire, en amont d’une
obstruction, quelle qu’en soit la cause.
Cette définition médicale peut se dire plus simplement ainsi : quelque chose bloque la voie de sortie de l’urine (uretère) qui va du rein à la vessie.
L’urine s’accumule en amont du blocage et distend rapidement l’uretère puis le rein. Cette distension est très douloureuse et agite le patient ; on parle populairement de « colique frénétique ». C’est une urgence médicale.
Colique néphrétique : risques et enjeux sanitaires
Le risque est de détériorer le rein bloqué par l’urine qui ne s’évacue plus : on parle d’insuffisance rénale. L’infection
des urines stagnantes est aussi à craindre, elle peut s’étendre
rapidement au rein et contribuer à le détruire. Elle constitue un foyer
de septicémie.
Pour
l’Association française d’Urologie (AFU, recommandations actualisées,
2008), elle représente 1 à 2% des admissions aux urgences hospitalières,
et concerne préférentiellement l’homme de 20 à 60 ans ; son taux de
récidive est important (50 à 70% dans les 10 ans). Dans une
communication récente (Bensalah et Gautier, congrès de l’AFU, 2011), une
étude épidémiologique estime à 100 000 le nombre de coliques
néphrétiques annuelles, en France. La moitié serait due à des calculs
inférieurs à 6 mm.
La cause de l’obstruction urinaire est donc une lithiase (calcul)
dans la grande majorité des cas ; or la fréquence des calculs urinaires
croît régulièrement dans le monde, en rapport avec la modification de
l’alimentation et de l’hygiène de vie, ainsi que par les médicaments et
les maladies qui favorisent leur survenue.
Colique néphrétique : fonctionnement
La distension de l’uretère
et/ou du rein au-dessus est très douloureuse. Elle provoque une
réaction inflammatoire locale qui déclenche à son tour des contractions
involontaires, spasmes appelés aussi coliques, de l’uretère.
Dans 75 à 80% des cas selon l’AFU (recommandations actualisées, 2008), le blocage de l’uretère
est dû à la migration d’un calcul rénal (un caillou). Ce calcul s’est
formé au niveau du rein et migre soudainement en direction de la vessie
pour être finalement expulsé. En fonction de sa grosseur et de sa forme
il se coince plus ou moins fermement dans l’uretère. Beaucoup de migrations calculeuses se font cependant sans problème, ou presque.
Il peut s’agir d’un nouveau calcul
(certains peuvent se former en 48 h) ou d’un calcul ancien qui quitte
le rein. La formation des calculs rénaux (lithiase rénale) dépend de
l’hygiène de vie, en particulier alimentaire.
Dans de plus rares cas, l’obstacle n’est pas un calcul migrant, mais un caillot de sang ou une tumeur.
Un
peu plus fréquente chez les hommes que chez les femmes, la colique
néphrétique survient de préférence en début de journée, car la
concentration des urines est plus forte après la nuit. Elle est aussi
provoquée par la déshydratation lors d’un effort physique intense et/ou
prolongé.
Colique néphérétique : symptômes
La douleur
est soudaine, intense et vive, dans le dos, à droite ou à gauche,
parfois assez bas. On la dit populairement « frénétique » tant elle
agite le patient, c’est le signe majeur de la colique néphrétique. Elle part des reins pour irradier vers les organes génitaux en suivant le trajet de l’uretère, et aucune position ne parvient à la soulager. En revanche, elle est bien calmée par le traitement antalgique (anti-douleur).
A noter que, même si un uretère est bloqué par un calcul, le patient urine toujours puisque le deuxième uretère est libre et évacue l’urine du deuxième rein (non bloqué) dans la vessie.
Il n’y a pas de fièvre
tant que les urines bloquées ne sont pas infectées. La migration
calculeuse simultanée dans les deux reins est exceptionnelle. Beaucoup
moins exceptionnelle, la colique néphrétique chez une personne n’ayant
qu’un seul rein : l’urgence est alors extrême.
Lorsqu’une colique néphrétique
débute, il faut éviter de boire pour ne pas augmenter la pression de
l’urine dans le rein bloqué. En revanche, c’est longtemps avant que des
boissons abondantes quotidiennes évitent la formation des calculs en
diluant les urines.
Coliques néphrétiques
Prévention
Avec quoi ne faut-il pas confondre la colique néphrétique ?
La colique néphrétique peut s’accompagner de vomissements (réaction générale neurovégétative).
Ces symptômes
peuvent évoquer une maladie de la vésicule biliaire, intestinale ou
gynécologique (torsion de l’ovaire, salpingite…), ou une rupture d’un
anévrysme de l’aorte. Seul l’examen en urgence du médecin fera la
distinction.
Comment prévenir la colique néphrétique et sa récidive ?
Lorsqu’il subsiste dans le rein ou l’uretère des calculs
risquant de provoquer une récidive, l’urologue utilise dans certains
cas une technique appelée lithotritie extracorporelle (LEC) pour les
fragmenter, grâce à des ondes de choc. 60% des calculs s’éliminent alors
en moins de 3 mois.
Pour ceux qui résistent, on intervient par voie endoscopique, en passant par les voies urinaires avec un fibroscope souple pour fragmenter le calcul sur place ou le retirer.
Parfois l’urologue choisit d’attendre et de surveiller.
Il
est possible de prévenir la formation de la plupart des calculs par une
alimentation adaptée, qui justifie la consultation diététique. On évite
ainsi les calculs oxalo-calciques, de loin les plus fréquents (70% des
cas).
Il est conseillé de boire au moins 2 litres par jour
(répartis dans la journée) ; de consommer ni trop, ni trop peu de
calcium (800 mg à 1 g par jour, en tenant compte des produits laitiers
et de la composition en calcium de l’eau) ; d’éviter les aliments riches
en oxalates (chocolat, noisettes…) ; de limiter la consommation de sel,
de sucre et de protéines animales.
Coliques néphrétiques
Préparer sa consultation
Quand consulter le médecin ?
Toujours en urgence. D’une part pour ne pas risquer d’altérer le rein bloqué quand on a deux reins, d’autre part pour sauver sa vie si le rein bloqué est le seul rein qui fonctionne.
Il est donc licite d’appeler le 15 ou de consulter aux services d’accueil des urgences hospitalières (SAU).
Comment préparer la consultation ?
Réunir les informations sur son risque de calculs rénaux (lithiase rénale).
Les radios d’abdomen stipulant la présence de calculs urinaires sont aussi à fournir au médecin, s’il y en a.
Que fait le médecin ?
Le
médecin vérifie le diagnostic puis injecte au patient en intraveineuse
des AINS (anti-inflammatoire non-stéroïdien) pour le soulager
rapidement. Eventuellement, il injecte des morphiniques si la douleur le
nécessite. Il fait ensuite le bilan général pour évaluer le risque de
complications.
Des examens sont nécessaires comme la radio d’abdomen et l’écho-doppler des reins.
Le scanner avec ou sans injection est choisi par l’urologue consulté. Toute colique néphrétique compliquée doit lui être adressée : femme enceinte, colique fébrile (fièvre), insuffisance rénale aiguë, rein greffé, colique hyperdouloureuse, rupture de l’uretère, gros calcul, etc.…
L’urologue
décide de l’utilité d’un geste de drainage des urines en amont de
l’obstacle. L’obstacle est traité ultérieurement, hors urgence, si
nécessaire. Certains médicaments (alphabloquants, inhibiteurs calciques)
pourraient accélérer l’expulsion du calcul.
Heureusement, l’expulsion du calcul
est spontanée dans 68% des cas en une à quatre semaines, quand sa
taille est inférieure à 5 mm. Mais ce pourcentage tombe à 47% quand il
mesure entre 5 et 10 mm. La période d’observation avant un éventuel
geste urologique est classiquement d’un mois (AFU recommandations
actualisées, 2008).
Durant les premiers jours, un
traitement par AINS et antalgique en comprimé (en relai des injections
intraveineuses) limite le spasme et facilite la migration calculeuse. Il
faut recueillir les calculs pour les analyser : on filtre donc les
urines en urinant dans un vase recouvert d’une gaze à pansement.
Connaître la nature du calcul permet d’adapter son hygiène de vie en
conséquence.
CATEGORIE : pathologies-et-symptomes
TAG : colique, colique néphrétique, urine