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Syndrome pré-menstruel : définition
On appelle syndrome prémenstruel un ensemble de signes physiques et psychologiques récurrents liés au cycle féminin menstruel. Ces signes du syndrome
prémenstruel apparaissent avant et pendant les règles, puis
disparaissent pendant au moins une semaine après. Ils doivent se
manifestent à plusieurs cycles successifs. Sinon, on parle seulement de symptômes prémenstruels.
Les Américains ont individualisé un syndrome psychiatrique pour les troubles psychiques du syndrome
prémenstruel : le trouble dysphorique prémenstruel (PMDD), qu’ils ont
inclus dans leur classification des maladies psychiatriques en 1994.
Quels sont les risques et l’importance sanitaire du syndrome prémenstruel ?
Si 50 à 80% des femmes entre la puberté et la ménopause souffriraient de symptômes prémenstruels, plus ou moins fréquents et sévères. Seule une petite partie souffre d’un syndrome
ou trouble dysphorique prémenstruel (PMDD), soit 3 à 6% de l’ensemble
des femmes réglées (Anne Gompel, Entretiens de Bichat, 2010).
Selon l’étude française Cocon (Potter et coll. Women’s Health, 2009), le syndrome
prémenstruel répondant à la définition médicale affecte presque 13% des
femmes, et sa forme sévère 4%. Mais à un an, les femmes sévèrement
atteintes ne le sont généralement plus, et celles qui n’en plaignaient
pas un an avant le décrivent présent un an après. C’est donc un syndrome transitoire et variable plus qu’une maladie.
Le syndrome prémenstruel
est associé à plus de divorces, d’échecs professionnels et scolaires,
ou de performances plus médiocres. Il cause beaucoup d’absentéisme et
une perte d’activité transitoire et récurrente. Son impact sur la
qualité de vie peut être très élevé, quoique totalement négligé.
Quelles sont les causes du syndrome prémenstruel ?
Il s’agirait d’une perturbation multi-organes, liée aux variations hormonales brutales au moment de l’ovulation. Un argument dans ce sens est que les symptômes disparaissent pendant la grossesse et à la ménopause, et n’existent pas avant la puberté. Les taux d’hormones ne sont pas seuls en cause ; la sensibilité et le nombre des récepteurs à ces hormones entrent probablement pour une part importante dans les manifestations variées du syndrome prémenstruel.
La contraception estro-progestative (pilule), en bloquant l’ovulation, élimine ses variations hormonales : mais le bénéfice thérapeutique sur le syndrome prémenstruel n’est pas assuré ; il faut parfois essayer plusieurs pilules avant de trouver la bonne.
L’estradiol et la progestérone agissent sur les mouvements de l’eau dans le corps et sur le cortisol, ainsi que sur le cerveau. Les estrogènes stimulent la sérotonine (neurohormone du bien-être) et les catécholamines (allant et activité générale), ils favorisent la stabilité neuronale. La progestérone, elle, inhibe l’activité des neurones
en général et ses métabolites (produits de sa dégradation chimique) ont
des actions variées qui pourraient expliquer une part du syndrome prémenstruel sévère.
Une participation des gènes est aussi très probable, dans la mesure où les vraies jumelles en souffrent de la même façon.
A savoir aussi : le lien entre le syndrome dysphorique prémenstruel et la dépression majeure est avéré.
Quels sont les symptômes du syndrome prémenstruel ?
Les symptômes varient en intensité d’une femme à l’autre mais restent assez semblables en général.
– troubles physiques
: gonflement du ventre et/ou des seins, maux de têtes, prise de poids
(rétention d’eau), troubles du sommeil ou compulsions pour le sucré…
– troubles psychologiques
: fatigue, anxiété, difficultés de concentration, sensation d’être
débordée, perte de contrôle de soi, agressivité, tristesse, apathie,
démotivation, dépression…
Ces symptômes ont tous en commun le moment de leur apparition avant les règles et leur disparition durant la semaine qui suit.
On fait le diagnostic positif quand une femme présente au moins cinq signes tous les mois, depuis un an, toujours avant et pendant les règles et avec un intervalle libre de tout symptôme après les règles.
Des tableaux d’autoévaluation sont disponibles chez les gynécologues pour graduer la sévérité des symptômes et déterminer précisément le degré de la pathologie.
Comment prévenir le syndrome prémenstruel ?
L’hygiène de vie, les thérapies comportementales et la bonne gestion du stress ont un fort impact sur les signes,
mais de manière imprévisible. Prendre soin de soi, se donner du temps
et de la considération, savoir exprimer ses revendications sont
certainement des décisions utiles, étant donné l’importance qu’elles ont
sur la biochimie du cerveau, chef d’orchestre incontesté du cycle féminin.
Les thérapies cognivo-comportementales auraient de bons résultats sur la gestion des signes.
Avec quoi ne pas confondre ?
Il est difficile de se méprendre sur les signes dès que le cycle s’achève avec la disparition des signes. Il est en revanche important de se méfier des maladies à recrudescence prémenstruelle : asthme, lupus, céphalées, etc.
Et
surtout se méfier de l’endométriose, de plus en plus répandue (sous
l’influence des perturbateurs endocriniens environnementaux ?) et
largement sous-diagnostiquée.
Quand consulter le médecin ?
Dès l’apparition des symptômes
afin de trouver rapidement le traitement adapté. Les femmes doivent
oser en parler à leur gynécologue ou à leur médecin généraliste plutôt
que d’attendre dix ans ! D’autant plus que le médecin tâtonne
généralement un peu avant de trouver le traitement personnel le plus
efficace.
Que fait le médecin ?
Il interroge et examine soigneusement la femme et recherche des causes, curables ou pas, aux signes décrits : endométriose, ovaires polykystiques, autre pathologie gynécologique et/ou endocrinienne méconnue.
Il évalue le retentissement des signes sur la vie quotidienne et le risque d’un trouble psychique avéré ou « limite », telle la dépression nerveuse.
Un bilan sanguin peut être nécessaire et une échographie du pelvis (bas-ventre).
Quels sont les traitements du syndrome prémenstruel ?
Les traitements diffèrent selon les cas et sont personnalisés.
Le
blocage des variations hormonales cycliques est généralement efficace.
Il se pratique avec la pilule œstro-progestative tant que la femme ne
désire pas de grossesse. Sa prise en continu aurait plus d’effets que la
prise séquentielle.
Parfois, la pilule est elle-même responsable d’un syndrome prémenstruel.
Pour y remédier, une nouvelle contraception orale contenant un
progestatif différent, la drospirénone a été proposée. Mais elle ne
semble pas avoir plus d’effets favorable qu’une autre contre le syndrome prémenstruel (Brown et coll. Cochrane database of systematic reviews, 2009).
Le blocage hormonal peut se faire aussi avec des analogues de la GnRH (hormone hypophysaire).
Le syndrome
dysphorique prémenstruel doit être traité correctement, par des
antidépresseurs le plus souvent (sérotoninergiques, type Prozac®). Mais
leur acceptation n’est pas toujours aisée.
L’homéopathie,
et la thalassothérapie peuvent donner de bons résultats. La
phytothérapie doit tenir compte de l’apport en phyto-estrogènes ; le
conseil d’un professionnel de santé est souhaitable.