Syndrome d’aspiration méconiale : de quoi s’agit-il ?
Le méconium est la première selle, généralement verdâtre, du fœtus ou du nouveau-né ; elle survient normalement après la naissance mais peut parfois survenir avant (dans moins de 20 % des cas).
Le méconium contamine et teinte le liquide amniotique (on parle alors de liquide amniotique méconial) dans lequel baigne l’enfant, qui risque de l’inhaler et de développer une détresse respiratoire à la naissance.
Le syndrome d’aspiration ou d’inhalation méconiale correspond à l’inhalation du méconium par le nouveau-né ; il est défini par la présence de méconium en dessous des cordes vocales du nouveau-né.
Quels sont les risques et les enjeux sanitaires du syndrome d’aspiration méconiale ?
La fréquence de la présence de méconium dans le liquide amniotique à la naissance est estimée à moins de 20 % des naissances. Parmi les nouveau-nés concernés, 5 à 10 % développent un syndrome d’inhalation méconiale. Cet événement est plus fréquent après 42 semaines de grossesse.
Quels sont les mécanismes du syndrome d’aspiration méconiale ?
Une souffrance fœtale (manque d’oxygène par exemple) favorise l’émission de méconium dans l’utérus. L’inhalation survient alors soit dans le ventre de la mère, soit lors des premières inspirations après la naissance.
La détresse respiratoire, souvent immédiate, est due à plusieurs mécanismes : obstruction des voies aériennes, destruction du surfactant qui protège les poumons, réaction inflammatoire avec fermeture des vaisseaux pulmonaires.
Heureusement, la plupart des nouveau-nés qui présentent du méconium en dessous des cordes vocales, vont éliminer spontanément le méconium du poumon.
Comment se manifeste le syndrome d’aspiration méconiale ?
Le syndrome d’inhalation méconiale est suspecté avant même la naissance par la découverte d’un liquide amniotique méconial ou d’une souffrance fœtale (baisse du rythme cardiaque, contractions…). Des mesures préventives sont donc entreprises dès ce stade.
Dans un contexte de liquide amniotique méconial, le tableau clinique est dominé par une détresse respiratoire : fréquence respiratoire augmentée, signes de lutte, coloration bleutée…
Avec quoi ne faut-il pas confondre le syndrome d’aspiration méconiale ?
Beaucoup de maladies, pulmonaires ou extrapulmonaires, peuvent causer une détresse respiratoire.
Une obstruction des voies aériennes (sténose, malformation…), une hernie du diaphragme, une malformation des poumons, la maladie des membranes hyalines (déficit en surfactant protecteur) ou encore une infection sont autant de causes pulmonaires.
Des pathologies abdominales (occlusion), neurologiques ou cardiaques peuvent également se manifester par une détresse respiratoire. Seuls le contexte et les examens complémentaires feront la différence.
Y a-t-il une prévention possible au syndrome d’aspiration méconiale ?
La prévention passe par la détection, avant la naissance, des fœtus à risque. La présence de liquide amniotique méconial pendant le travail ou des signes de souffrance fœtale (surveillance stricte du rythme cardiaque fœtal) conduisent les équipes obstétricales et pédiatriques à prendre des mesures soit pour accélérer l’accouchement (césarienne éventuelle), soit pour limiter le risque d’inhalation de liquide méconial lors des premières inspirations (aspirations oro- et nasopharyngée avant le dégagement des épaules, compression thoracique, aspiration trachéale…).
Syndrome d’aspiration méconiale : à quel moment consulter ?
Tous les nouveau-nés sont évalués sur le plan respiratoire à la naissance. Des scores permettent de définir la détresse respiratoire qui sera prise en charge en urgence dès la salle de naissance par les pédiatres réanimateurs.
Que fait le médecin face à un syndrome d’aspiration méconiale ?
Le diagnostic est fait dès la salle de naissance et repose sur la visualisation du méconium en dessous des cordes vocales, dans un contexte de liquide amniotique teinté.
Les examens complémentaires sont systématiques, pour confirmer le diagnostic et trouver la cause de la détresse. La radiographie du thorax montre une pneumonie d’inhalation ; d’autres défaillances d’organes (reins, cœur, foie) sont recherchées par l’échographie ou des prises de sang.
Le premier traitement comporte la désobstruction des voies aériennes par l’équipe obstétricale poursuivie par le pédiatre. Les enfants les plus sévèrement atteints seront intubés pour les aider à respirer (sonde pour amener l’oxygène jusqu’aux poumons) et transférés en réanimation. L’aspiration endotrachéale permet de retirer du liquide méconial épais. Des instillations de surfactant ont pour but de protéger les alvéoles pulmonaires.
Dans tous les cas, ces traitements s’effectuent en réanimation néonatale.
Comment préparer ma prochaine consultation ?
L’inhalation méconiale fragilise les poumons des enfants. L’hyperréactivité bronchique est aggravée en cas d’exposition bronchique nocive, en particulier le tabagisme passif qu’il faudra éviter à tout prix.