Sommaire
Salpingite : définition
La salpingite est une infection génitale haute de la femme qui peut se manifester de manière aiguë ou chronique. Elle touche les trompes de Fallope, qui coiffent chaque ovaire et mènent à l’utérus, à droite et à gauche. Le germe le plus souvent responsable est Chlamydia trachomatis, suivi par le gonocoque ou le mycoplasme, tous des germes sexuellement transmissibles.
Dans certaines circonstances, les bactéries du vagin (flore commensale) peuvent aussi entraîner une infection.
Risques et origines de la salpingite
La salpingite est une maladie gynécologique
fréquente chez la femme jeune, et l’une de ses principales causes
d’hospitalisation. On estime à 130.000 leur nombre par an (Dr Graesslin,
communication, Congrès du CNGOF 2007) et pour la moitié avant 25 ans.
Cette précocité est liée à sa cause, les infections sexuellement transmissibles.
La prévalence en ville est évaluée à 1.7% (2.4% chez les 18-24 ans;
1.2% chez les 25-29 ans) dans la thèse de médecine de Stéphanie Faverjon
(juin 2011, faculté de Grenoble).
Non traitée, la salpingite s’étend à la cavité abdominale, provoque des abcès, des péri-hépatites, périnéphrites, et une infection généralisée grave. La salpingite, guérie, laisse des séquelles plus ou moindres sévères.
La première est la stérilité dite tubaire,
du fait de l’imperméabilité cicatricielle des trompes ; il y en aurait
15.000 par an provoquées par la salpingite (D. Luton, 2008). Le
Chlamidia trachomatis en est le responsable principal (65 à 70% des
cas). La répétition des salpingites multiplie le risque de stérilité :
15% de risque après une salpingite, 23% après deux, 55% après trois
(Matheron/Luton, 2010).
Ensuite, les troubles de la perméabilité tubaire sont les premières causes des grossesses extra-utérines (voir la fiche correspondante).
Enfin, les douleurs pelviennes chroniques sont fréquentes après une salpingite et difficiles à prendre en charge.
Les causes et mécanismes de la salpingite
Dans trois quarts des cas, la salpingite est due à une infection sexuellement transmissible (IST). Les autres facteurs de risque sont le stérilet, le tabagisme. Les antécédents de geste chirurgical dans le cadre d’un diagnostic gynécologique peuvent avoir provoquer une infection (dite nosocomiale) : hystérosalpingographie, hystéroscopie, biopsie de l’endomètre. Ce peut être aussi un traitement pratiqué dans des voies génitales
déjà infectées (ce qui est formellement récusé) : IVG, curetage, ou
pose d’un stérilet. Enfin des manœuvres individuelles pour provoquer un
avortement sont aussi des causes d’infection, de plus en plus rares, mais qui doivent être évoquées.
La salpingite est majoritairement causée par un Chlamydia qui se manifeste très discrètement, au point que le diagnostic est tardif et les dégâts causés conséquents. On appelle ce germe le « tueur silencieux ». Les infections engendrées par les autres germes
sont en général plus vite repérables, donc plus vite traitées :
gonocoque, mycoplasme, colibacille, flore digestive et vaginale.
Les bactéries transmises lors d’une IST (gonocoque, mycoplasme) provoquent d’abord une infection génitale basse, du vagin et du col de l’utérus. Sans traitement adéquat, les germes remontent souvent dans la cavité utérine jusqu’aux trompes, mais ce n’est pas systématique.
A partir des trompes, l’infection se répand dans l’abdomen (péritonite), puis dans tout l’organisme (septicémie). Même avec un traitement rapide, il est possible d’avoir des séquelles tubaires (des trompes) par cicatrisation anarchique.
Symptômes et signes de la salpingite
Les symptômes sont essentiellement des douleurs du bas ventre (douleurs pelviennes) qui peuvent être aiguës ou chroniques,
permanentes ou intermittentes. Les douleurs peuvent se limiter à une
pesanteur ou un malaise du bas ventre (particulièrement avec le
Chlamydia), les symptômes de douleurs sont généralement exacerbées par les rapports sexuels.
Une fièvre discrète est souvent présente, signalant l’infection, mais pas toujours.
Quand ces symptômes s’accompagnent de pertes vaginales sales ou malodorantes, il est facile d’évoquer une infection génitale.
Des pertes sanglantes (métrorragies) signalent que l’infection a atteint l’utérus, c’est une infection génitale haute qui doit être systématiquement traitée.
Avec quoi ne faut-il pas confondre la salpingite ?
Avec une autre infection du petit bassin :
– génitale : infection du col de l’utérus (cervicite), endométriose, kyste de l’ovaire ;
– digestive : appendicite, occlusion intestinale, péritonite d’autre cause ;
– urinaire : colique néphrétique, pyélonéphrite ;
Mais aussi avec d’autres pathologies gynécologiques : grossesse extra utérine rompue, torsion de kyste ovarien.
Dans tous les cas, la consultation médicale urgente s’impose.
Y a-t-il une prévention possible de la salpingite ?
Oui, c’est la prévention des infections
sexuellement transmissibles. D’abord par le préservatif lors des
rapports sexuels, particulièrement chez les jeunes dont la vie sexuelle
est désordonnée.
Ensuite, par l’arrêt des manipulations vaginales
intempestives (lors de la toilette ou des rapports sexuels), et des
tentatives individuelles d’avortement.
Attention aussi à l’usage désordonné des objets érotiques (sex toys, attirail SM) et aux violences sexuelles.
À quel moment consulter ?
En
urgence, compte tenu du risque infectieux et des séquelles sur la
fertilité chez des patientes habituellement jeunes, voire très jeunes :
le pic de fréquence de la salpingite se situe entre 15 et 25 ans.
Dès que se font ressentir des douleurs pelviennes inhabituelles, des pertes vaginales ou des saignements en dehors des règles.
Comment préparer la consultation avec le médecin ?
Récapituler sa vie sexuelle : contraception (stérilet, pilule), rapports sexuels non protégés, antécédents d’infections génitales, nouveaux partenaires ou partenaires multiples, IVG ou tentatives d’IVG à domicile…
Récapituler ses antécédents gynécologiques en général, et chirurgicaux.
Que fait le médecin ?
Le
médecin réalise un examen gynécologique complet : examen au spéculum et
toucher vaginal, parfois rectal. Il évalue l’extension de l’infection. Et retire le stérilet s’il y en a un (mise en culture systématique).
Il
prescrit des analyses complémentaires : analyse de sang, prélèvement
vaginaux à la recherche en particulier du Chlamydia, bandelette urinaire
pour écarter une infection urinaire.
Une échographie permet d’évaluer l’état du petit bassin et d’écarter une complication infectieuse évidente (abcès, péritonite). Elle ne dispense pas d’une coelioscopie dans le bilan à distance.
En
cas de salpingite non compliquée, le traitement associe deux
antibiotiques, pendant au moins 15 jours, souvent trois semaines. Il
n’est plus systématique d’hospitaliser la patiente qui peut être mise au
repos à domicile, avec un arrêt de travail, dans les situations simples
sans facteurs de risque.
La coelioscopie est indispensable en cas de doute argumenté pour faire le diagnostic ; elle est souhaitable à distance de l’infection pour faire un bilan de fertilité chez les femmes voulant des enfants.
En cas de salpingite compliquée (péritonite, abcès
pelvien), l’hospitalisation urgente est nécessaire pour administrer des
antibiotiques par voie intraveineuse et compléter le bilan. Le scanner
abdominal est pratiqué avant l’intervention chirurgicale.
Le plus souvent celle-ci se fait sous coelioscopie : elle draine les abcès, lave et draine la cavité abdominale. Il est souvent nécessaire de retirer tout ou partie des annexes détruites par l’infection : trompes, ovaires. Ce qui grève la fertilité ultérieure, de fait.
Dans tous les cas le ou les partenaires doivent être retrouvés et traités correctement.