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Définition de la gastro entérite à rotavirus
La gastro-entérite à rotavirus est une infection digestive provoquée par l’invasion d’un virus appelé « rotavirus », extrêmement contagieux. La gastro-entérite à rotavirus évolue par épidémies saisonnières, avec un pic en hiver, et frappe surtout les jeunes enfants. C’est aussi une maladie nosocomiale,
par définition, acquise en milieu hospitalier, car nombre d’enfants
sont contaminés lors de leur hospitalisation pour une autre cause : une bronchiolite par exemple.
Risques et enjeux sanitaires de la gastro entérite à rotavirus
Toute diarrhée et/ou vomissement
comporte un risque de déshydratation aiguë ; il est d’autant plus
important que la personne est plus fragile (très jeune ou très âgée) et
mal nourrie (importance de la dénutrition dans les pays en développement). La déshydratation aiguë d’une personne fragile met sa vie en péril.*
Dans une étude publiée en 2005, Melliez et collaborateurs ont évalué la morbidité et le coût des infections digestives à rotavirus chez l’enfant de moins de 5 ans : ils lui attribuent chaque année 300.000 diarrhées aiguës et 180.000 consultations de ville, 18.000 hospitalisations et une dizaine de décès.
L’étude
SHRIK* publiée en 2009 montre qu’en France près de la moitié (49,1%)
des enfants admis aux urgences pour gastro-entérite aiguë souffrent d’un
rotavirus. Ils sont très jeunes : près de 90% ont moins de 2 ans et presque 20% moins de 6 mois.
Pour
l’InVS, 43% à 51% des gastro-entérites virales des moins de 5 ans
hospitalisées sont dues à des rotavirus. Des complications, d’abord la
déshydratation, surviennent dans 20% des cas et entraînent une trentaine
de décès par an. Elles sont plus fréquentes avec les rotavirus, en
particulier chez les nourrissons de moins de 6 mois.
En ville, 20% seulement des gastro-entérites
seraient dus aux rotavirus, en raison de nombreux « compétiteurs »
viraux, dont les calicivirus (dont le principal, le Norovirus, peut être
plus fréquent que le rotavirus), les adénovirus… Mais les
gastro-entérites à rotavirus sont les plus graves.
Chez les personnes de plus 75 ans, la mortalité de la gastro-entérite virale (tous virus
confondus) tourne autour de 350 décès annuels. Mais les décès
imputables sont probablement plus nombreux car la déshydratation
entraîne des troubles sanguins très mal tolérés chez ces personnes
souvent dénutries, ayant plusieurs maladies et des traitements délicats à
manier : anti-hypertenseurs et médicaments cardiologiques en premier
lieu.
Causes et mécanismes de la gastro-entérite
Le virus pénètre dans les cellules intestinales et bloque son fonctionnement. Les cellules n’absorbent plus l’eau et les aliments, le mouvement s’inverse : elles rejettent dans l’intestin
l’eau et les sels minéraux essentiels au bon équilibre sanguin. Cette
fuite cellulaire digestive est dite « entéro-toxinogène », elle provoque
la diarrhée et les vomissements.
Cette invasion virale peut modifier durablement la flore bactérienne ; et installer une intolérance au lait (sucre et protéine), malvenue chez l’enfant.
La contagiosité est extrême : les selles
d’un bébé peuvent émettre jusqu’à un milliard de particules virales du
3è jour de la maladie au 5è jour. Parfois l’excrétion se poursuit durant
15 jours !
Symptômes et signes de la gastro-entérite à rotavirus
Le rotavirus, comme les autres virus digestifs,
se multiplie pendant deux à trois jours après la contamination. Le
premier symptôme(généralement mais pas toujours) est une fièvre élevée
(jusqu’à 40°C) en même temps qu’une diarrhée (à partir de 3 selles/j
plus ou moins liquides) et parfois des vomissements. Les vomissements
sont un facteur défavorable car ils empêchent l’alimentation, donc la
réhydratation. Toute diarrhée comporte un risque de déshydratation, qui
fait son danger.
Diarrhée bénigne
La diarrhée bénigne ne donne pas de signes de déshydratation, il n’y a pas de vomissements ni de perte de poids.
Diarrhée sérieuse
La diarrhée sérieuse déshydrate. Les symptômes sont la fièvre
élevée, la soif (attention, les tout-petits ne savent pas l’exprimer),
un pli cutané (la peau ne revient pas tout de suite en place quand on la
pince, au bras par exemple), la perte de poids (5 %), des vomissements,
la perte d’appétit…
Diarrhée grave
La diarrhée grave se voit aux signes de la déshydratation marquée : pli cutané persistant, yeux cernés,
sécheresse
de la bouche, pleurs sans larmes, teint gris, perte de poids importante
+++ (10%), troubles de la conscience allant jusqu’au coma, puis la mort
si aucune réanimation n’est entreprise en urgence.
Avec quoi ne faut-il pas confondre ?
Toute diarrhée
n’est pas virale : les intoxications alimentaires à bactéries
(staphylocoque, colibacille, salmonelle) ne sont pas rares. La notion
d’une alimentation suspecte et de cas analogues dans l’entourage après
un même repas aiguillent le diagnostic. La présence de sang ou de
glaires dans les selles est un indice fort d’infection bactérienne.
Toute diarrhée n’est pas infectieuse : il n’y a alors pas de fièvre
(sauf cas particulier). L’intolérance au lait de vache, l’intolérance
au gluten sont des causes à évoquer systématiquement, surtout quand la diarrhée perdure.
Certaines diarrhées sont associées à d’autres infections ou troubles : otite, appendicite, invagination intestinale (occlusion) ou infection urinaire profonde…
Y a-t-il une prévention possible ?
L’allaitement intégral au sein protège partiellement l’enfant contre les gastro-entérites à rotavirus.
L’hygiène des mains
et de l’alimentation (cuisine) est essentielle pour limiter les
épidémies et le nombre de personnes atteintes dans une communauté
(famille, crèche).
La vaccination contre le rotavirus est efficace à
100% contre ses formes graves et les hospitalisations. Mais elle n’est
pas recommandée dans la population générale par le Conseil supérieur
d’Hygiène publique de France puisqu’elle ne protège de fait que contre
la moitié (au mieux) des virus responsables de gastro-entérites. Le vaccin
buvable est administrable dès la 6è semaine de vie, surtout aux
nourrissons exposés à des conditions de vie difficiles et/ou une
surveillance aléatoire. Deux vaccins sont autorisés en France. L’un demande deux doses à prendre par la bouche et l’autre trois doses.
Toute diarrhée brutale liquide avec vomissement impose la consultation rapide d’un médecin. Aux urgences hospitalières, si les selles sont continues.
Comment préparer la consultation du médecin ?
Entamer immédiatement la réhydratation
orale avec des « solutés de réhydratation orale (SRO)» en vente libre
chez les pharmaciens. En petite quantités régulières, voire à la
seringue au début si l’enfant refuse le biberon de soluté (1 sachet dans
200ml d’eau).
Noter le nombre de selles par jour et leur nature liquide ou molle, la présence ou pas de sang et de glaires.
Rappeler le contexte : épidémie en cours dans la famille, à l’école, à la crèche, chez la nounou…
Mais aussi les autres maladies en cours qui rendent la personne très fragile : maladies cardiaques et rénales en particulier.
Il vérifie l’intensité de la déshydratation (poids, etc.), il évalue la difficulté à réhydrater et nourrir le malade.
Il cerne la cause exacte autant que faire se peut pour élaborer le traitement pertinent.
Selon l’état général, il décide ou pas une hospitalisation pour surveillance ou réanimation.
Il prescrit la réhydratation
par soluté de réhydratation orale (SRO) qui rétablit l’équilibre
intestinal et sanguin, et la réalimentation durant la maladie. Celle-ci
guérit spontanément en une semaine dans les cas bénins. Il explique
l’isolement du nourrisson (hors de la crèche, ou de chez la nounou) et
les règles d’hygiène pour limiter la diffusion du virus digestif. Il adapte les médicaments en cours, à la diarrhée et à la déshydratation.