En 2011, 1,3 million de coloscopies ont été réalisées dont seulement 60% des cas, chez des personnes âgées de 50 à 74 ans, population ciblée par le dépistage organisé du cancer colorectal. Sur cinq ans, il est estimé que 20% de la population de 60 à 80 ans et 8% de la population totale subit une coloscopie. La France, avec 19 coloscopies pour 1.000 habitants, a un taux plus élevé voire deux fois plus important que les pays d’Europe du Nord (Finlande, Norvège, Suède, Pays-Bas) mais en-deçà de l’Allemagne, dont le taux est de 30 coloscopies pour 1.000 habitants. Une étude de l’assurance maladie montre d’importantes variations de cette pratique entre les départements, avec sept départements ayant des taux supérieurs à 25 pour 1.000 habitants (Alpes-Maritimes,Bas-Rhin et Paris) et sept départements des taux inférieurs à 15 pour 1.000 habitants (Jura, Gers et Eure). La coloscopie est réalisée essentiellement (72%) dans des établissements privés et elle est concentrée, puisque 10% des établissements réalisent plus de 50 coloscopies par semaine (2.745 par an), soit près d’un tiers de l’ensemble de ces examens, alors que 20% des établissements en enregistrent moins de cinq par semaine (252 par an). Hubert Allemand médecin conseil national de la CNAM s’est interrogé, lors d’une conférence de presse organisée le 6 décembre dernier, sur le seuil d’actes par an qu’il faudrait atteindre pour pouvoir effectuer des coloscopies. En Allemagne, les caisses locales d’assurance maladie ont fixé un minimum annuel de 600 coloscopies par structure. En effet, les complications (perforations ou hémorragies sévères) sont plus importantes dans les établissements à faible activité. En retenant le seuil choisi en Allemagne de plus de 600 coloscopies par an, l’assurance maladie constate que le taux de perforations dans les structures dépassant ce seuil est de 4,4 pour 10.000 contre 6,7 pour les établissements ne l’atteignant pas. Le taux d’hémorragies sévères est respectivement de 9,7 et 12,3. Le niveau de complications est plus élevé chez les personnes âgées : les perforations sont quatre fois plus fréquentes chez les plus de 79 ans que dans la tranche 50-74 ans et les hémorragies sévères suite à des coloscopies avec polypectomies sont trois fois plus élevées. L’étude n’a pas permis d’établir un lien entre le taux de coloscopie réalisé et le taux de cancer découvert, ayant mis au jour une petite corrélation mais non statistiquement significative. Il est donc prudent si l’on vous a prescrit une coloscopie choisir un établissement actif dans ce domaine.