Selon une enquête réalisée fin 2011 par le ministère de la santé, les 2/3 des généralistes déclarent être confrontés
fréquemment à des états dépressifs de leurs patients et 9/10 s’estiment efficaces
dans la prise en charge de la dépression. Pourtant, dans la prise en charge de
la dépression d’intensité légère, ils prescrivent rarement une psychothérapie
seule alors qu’elle est particulièrement recommandée. Deux tiers d’entre eux
proposent des antidépresseurs. En outre, les choix de traitement semblent être
influencés par les caractéristiques sociodémographiques et personnelles des
médecins et celles des patients. Près des deux tiers des médecins déclarent que
les psychothérapies conviennent davantage aux patients ayant un niveau
d’éducation élevé. Cette opinion pourrait constituer un frein à l’accès aux soins
des personnes qui n’ont pas ou peu suivi d’études. Les médecins qui pensent qu’il
y a une sur-prescription d’antidépresseurs en France et ceux qui ont déjà suivi
une psychothérapie sont moins enclins à prescrire un antidépresseur. De même,
dans les dépressions peu sévères, les femmes médecins sont moins nombreuses à
prescrire un antidépresseur et les médecins proposent moins souvent un
antidépresseur à leurs patientes qu’à leurs patients. Les différences dans les
pratiques de prescription en fonction du genre pourraient s’expliquer par un positionnement
et un mode de communication avec les patients différents: les médecins femmes reçoivent
leurs patients plus longtemps en consultation, sont davantage à l’écoute et centrées
sur le patient. Confrontée à un cas fictif de dépression, une proportion non négligeable
de médecins prescrit un anxiolytique ou un hypnotique seul, alors même que la
prescription seule de ces médicaments n’est pas indiquée. La psychothérapie seule
est très rarement proposée par les médecins généralistes, même dans les cas de
dépression peu sévères.L’ensemble de ces résultats suggère que les antidépresseurs
sont perçus par la majorité des médecins généralistes comme le traitement incontournable
de la dépression quelle que soit sa sévérité. Une proportion non
négligeable de médecins (28 %) n’a pas proposé d’antidépresseurs en cas de
dépression sévère alors qu’ils sont indispensables.