À chaque époque ses aphrodisiaques
«
Le poumon droit d’un vautour, noué dans une peau de grue, est un
puissant aphrodisiaque ». Ce remède des plus sophistiqués, c’est Pline l’Ancien qui en fait état dans son Histoire naturelle, monumentale encyclopédie écrite au premier siècle après Jésus-Christ. Chaque époque connaît ainsi ses aphrodisiaques. Après les potions magiques de l’Antiquité, le Moyen Âge et la Renaissance voient les amoureux infatigables recourir aux épices, aux fruits, aux légumes, tandis qu’aujourd’hui, le produit chimique semble bien dans l’air du temps.
Les différentes substances utilisées pour décupler la virilité des hommes, pour faire tourner la tête des femmes et même, parfois, pour refroidir les ardeurs les plus brûlantes, sont à mettre en rapport avec le symbolisme
admis dans chaque culture. Poireaux, asperges, concombres, testicules
de taureaux, ailerons de requin, cornes de rhinocéros ont longtemps
flatté l’imagination. Huîtres et moules également.
L’alcool aussi, par l’entremise du dieu grec Dionysos (dieu grec de la vigne et du vin), était conseillé, bien que l’on sache aujourd’hui que si un verre de vin désinhibe, une ivresse prononcée provoque les plus vilaines déconvenues. On loue également les vertus du ginseng dont les qualités d’énergisant sont connues. Le chocolat
a longtemps soulevé les fantasmes et connu des amateurs aussi célèbres
que Casanova. Ce dernier louait également les mérites de la mouche
cantharide.
On fabriquait même des gourmandises à partir du corps desséché de l’insecte, qui n’était pas en fait une mouche, mais un coléoptère. Mais leur consommation n’était pas sans danger puisque la « mouche d’Espagne » peut entraîner de graves troubles rénaux.
Aujourd’hui, la drogue passe pour aphrodisiaque et nombreux sont ceux qui acceptent de se mettre en danger pour bénéficier de ses effets supposés. Les amphétamines, excitantes sur le plan psychologique, ne permettent cependant pas de réaliser des prouesses, tout comme la cocaïne, les poppers, la mescaline.
Les aphrodisiaques relèvent donc du mythe… mais deviennent réalité grâce à la capacité des hommes à se persuader de la véracité de leur pouvoir quasi magique. Pour expliquer le phénomène, il faut tout d’abord bien dissocier l’excitation du désir. Comme l’explique la sexologue Maryvonne Desbarats : « L’excitation relève de la vasocongestion physiologique ».
Par
simple stimulation, un homme peut ainsi avoir une érection sans pour
autant ressentir de désir. « Si l’aphrodisiaque est facteur de vasodilatation,
comme le chocolat ou le piment, il peut donc favoriser la
vasocongestion, mais on ne peut pas affirmer qu’il soit capable de la
déclencher », poursuit-elle.
En revanche, l’aphrodisiaque joue à plein sur le désir, permettant à celle ou celui qui en consomme de se mettre dans un état mental propice à l’éclosion du désir. « Les aphrodisiaques stimulent le désir par l’imaginaire et prêtent à l’érotisation mentale », juge Maryvonne Desbarats. C’est comme si les femmes et les hommes jouaient à croire aux vertus des aphrodisiaques.
Et cette démarche est indéniablement efficace. Leur magie se limite d’ailleurs à la dégustation amoureuse, tels des placebos.
CATEGORIE : sexualite